Le burnout : s’enflammer, se griller, se consumer

 en Mon bien-être psychologique

Notre société accorde au travail une importance considérable, il contribue le socle de l’identité, promesse d’accomplissement et de réalisation de soi. Un poste intéressant ne nous met pas à l’abri d’un doute sur la question du sens donné à un dévouement. Le monde globalisé que nous connaissons, caractérisé par des changements continus et une complexité grandissante, mise sur l’efficience. Cette priorité peut venir contraster avec un sentiment de vulnérabilité. J’ajouterais également un sentiment d’autonomie et de tranquillité d’esprit qui sont mis à mal.(1)

Selon une étude de Securex RH parue en 2014 menée auprès de 1318 personnes, près d’un travailleur belge sur quatre (27%) connaîtrait des difficultés physiques ou psychologiques inhérentes au stress. Un chiffre à la hausse depuis 2010. (2)

La souffrance au travail va apparaître lorsque la pression devient trop forte, l’incertitude trop élevée, la mobilisation psychologique et physique trop importante et chronique. Des signaux décrivent une situation d’alarme, puis de résistance et enfin d’épuisement (3). Le stress chronique auquel l’individu a trop longtemps dû faire face entraîne le burnout (épuisement professionnel).  Cet épuisement peut également avoir des conséquences sur toutes les sphères de la vie de la personne concernée.

« Un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face » (Lazarus & Folkman, 1984) (4). Un fossé se creuse ainsi entre les valeurs et attentes de la personne et les exigences de l’environnement qui ne lui rend rien (ou si peu) en retour de l’investissement professionnel. Le burnout est en quelque sorte une maladie du surinvestissement dans des tâches qui exigent un dévouement humain important. Les personnes touchées évoquent une perte progressive de l’idéal, de l’énergie et des buts poursuivis.

Aborder le burnout implique de ne pas se limiter à la souffrance de la personne mais d’adopter une vision globale reprenant l’incertitude, le déficit de reconnaissance, la perte de sens et l’isolement.

Le « burnout » est un terme emprunté au vocabulaire aérospatial et électronique : dans celui de l’aérospatial, il désigne le risque d’échauffement brutal, voire de destruction d’une fusée, provoquée par l’épuisement de son carburant. Dans celui de l’électronique, il signifie « surcharge de tension », voire « grillage des circuits ». Peters & Mesters (5) font remarquer que «  les signaux envoyés par les fusibles censés repérés le risque de surcharge émotionnelle ont été ignorés. Le danger ayant été minimisé, le disjoncteur central n’a pas fonctionné et a entraîné un court-circuit et la propagation d’incendies qui couvent, tapis dans les profondeurs des bâtiments. En silence, ils rongent les fondations et les âmes des bâtisses ». C’est en 1974, qu’Herbert Freudenberger, psychiatre et psychothérapeute, reprendra le terme « burnout » et l’abordera sur le plan physiologique et psychologique dans son livre « l’épuisement professionnel, la brûlure interne ».

Voici deux schémas reprenant les causes ou antécédents du burnout :

Maude sexologue

Voici un schéma qui reprend les conséquences du burnout :

Maude sexologue

En consultation, je m’appuie sur le modèle tridimensionnel  du burnout de Christina Maslach, chercheuse américaine en psychologie sociale qui reprend l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et l’échec de l’accomplissement personnel. L’intérêt de ce modèle est qu’il intègre le contexte social d’apparition du trouble. Il permet d’y associer la grille de lecture des thérapies brèves stratégiques et interactionnelles. Des échelles telles que le MBI ou le BMS ou l’évaluation proposée par Freudenberger viendront éventuellement étayer la compréhension de ce qui s’est mis en place.

Récemment, le modèle d’Alaya Pines m’a aidé à comprendre la situation d’une patiente que je suis dans le cadre d’un accompagnement psychothérapeutique pour les personnes à haut potentiel. Après avoir repris régulièrement le sentiment de décalage et le perfectionnisme, me voilà en train de considérer la quête existentielle. Alaya Pines définit le « burnout » comme une « incapacité à trouver une signification existentielle dans son travail ». Pour être « consumé », dit-elle, il faut d’abord avoir été « enflammé ». Cela signifie que la personne a d’abord été motivée et impliquée avant de se trouver désillusionnée par sa surcharge, ses contraintes et surtout par son impossibilité d’utiliser ses compétences, ce qui la prive de la signification qu’elle recherche dans son travail. Les tensions de cette femme proviennent alors de l’écart entre les attentes ou la motivation et la réalité. Les motivations seront encore à investiguer. Elles sont propres à chacun.

Il peut être salutaire de prendre un peu de recul afin de retrouver individuellement le chemin de l’épanouissement professionnel. Le recours à des modèle multidimensionnels associés à l’approche de la thérapie brève stratégique orientée solution permet le plus souvent de d’évoluer positivement.

 

 

(1) Je pointe une fois de plus les méfaits de la téléphonie mobile. Je vous renvoie ici à mon article « le désir dans le couple c’est comme un jardin… ».  Les frontières du temps et de l’espace sont désormais virtuelles.

(2) La collecte de données a eu lieu en 2013 auprès de 2088 salariés. Après rééchantillonnage, le panel comptait 1318 personnes interrogées. Ce –dernier est représentatif du marché du travail belge pour les variables du sexe, de l’âge, de la région et du statut. Les données ont été recueillies par le biais d’un questionnaire en ligne.

(3) Le syndrome général d’adaptation (Selye)

(4) Lazarus, R.L., & Folkman, S. (1984). Stress, Appraisal and Coping. New York: Springer.

(5) Peters, S., & Mesters, P. (2007). Vaincre l’épuisement professionnel, toutes les clés pour comprendre le burnout. Paris. Robert Laffont, p.40.

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