La dépression : un problème de santé publique majeur

 en Mon bien-être psychologique

La dépression est considérée comme un problème de santé publique majeur qui touche 20% de la population mondiale au cours de la vie entière. L’OMS (2017) la considère comme étant la première cause d’invalidité dans le monde.

Un phénomène hétérogène

Au fil de mon parcours clinique, j’ai été amenée à me poser à mainte reprise la question des facteurs et des mécanismes sous-jacents à « la dépression » tant elle peut varier par sa forme et ses niveaux d’intensité. Au sein de mon cabinet privé, je reçois le plus souvent des personnes présentant provisoirement un état dépressif au cours de leur existence (le plus souvent en réaction à un contexte affectif particulièrement difficile comme la séparation avec le partenaire amoureux). Ceci sans que cet état dépressif ne persiste, soit récurrent ou associé à un trouble de la personnalité sous-jacent. Toutefois, je n’occulte pas que la dépression puisse être une pathologie récidivante et de longue durée. Ainsi, le taux de récidive est de 50% en 2 ans et entre 75% et 80% à plus long terme ; et le taux de chronicité est compris entre 15 et 20% (Sire, 2007 ; Dassonville, 2007).

Une pathologie en constante augmentation à mettre en lien avec nos sociétés contemporaines

La dépression est une pathologie en constante augmentation : le nombre de personnes déprimées a augmenté de près de 50% entre 1980 et 1990 (études décennales de l’INSERM). Ce phénomène en croissance serait à mettre donc en lien avec nos sociétés contemporaines. Alain Ehrenberg (1998), psychologue et sociologue français, relie la dépression à la « fatigue d’être soi » dans un monde où chacun doit (par les valeurs et normes actuelles d’initiative et de responsabilité) mobiliser une énergie considérable pour être soi-même.

Les femmes plus vulnérables quant à la dépression

Le facteur de sexe est un facteur significatif de vulnérabilité dépressive. Ainsi, régulièrement, des études relatent que la dépression toucherait deux fois plus de femmes que d’hommes. Malgré certaines critiques relatives à ces études, la tendance reste significative. La dépression est au troisième rang de la morbidité féminine alors qu’elle est au septième rang de la morbidité masculine (Gérard et al,1995). J’ajouterais que l’on observe une plus grande fréquence de rechutes dépressives chez les femmes que chez les hommes. Pour certains, cette vulnérabilité serait expliquée par des facteurs biologiques spécifiques à la féminité (régulation hormonale, ménopause, grossesse, post partum). Pour d’autres, elle serait à mettre en lien avec l’éducation des filles conduisant les femmes à un rôle passif, narcissique, dépendant, romantique et d’objet de désir (et non d’être un sujet qui désire) vis-à-vis des hommes.

Un phénomène complexe

Chaque personne est bien entendue différente de par son parcours et ses relations à elle-même et aux autres.

 

Références bibliographiques :

Dassonville, V. (2007). Du symptôme dépressif à la thérapeutique. L’Encéphale, 33 (4), 641-649.

Ehrenberg, A. (1998). La Fatigue d’être soi. Dépression et société. Paris : Odile Jacob.

Gérard, A., Raffaitin, F., & Cuche, H. (1995). Dépression chez la femme. In : J.P Olié, M.F. Poirier, H. Lôo (sous la dir.), Les maladies dépressives. Paris : Medecine- Sciences Flammarion.

Sire, D. (2007). Les troubles dépressifs : données économiques et médico-économiques. L’Encéphale, 33 (1), Hors-série, 231-234.

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