A la frontière des genres

 en Mon bien-être psychologique, Non classé
  • Extraits choisis de la brochure « Parlons TRANS – à la frontière des genres » éditée en 2007 par l’Association Espace 360 et Aspasie à Genève. Vous la trouverez via les sites aspasie.ch ou www.360.ch.
  • « Aujourd’hui » : évolution des « catégorisations » et état des lieux personnel

Le projet d’un groupe de parole et de psychoéducation avec des personnes en question par rapport à leur identité de genre est en train de se mettre sur pied dans le Hainaut. Je vous tiendrai informée du lancement de cette activité.

Voici donc quelques extraits choisis de cette remarquable brochure :

Les auteurs espèrent, par le biais de la brochure, « réduire la stigmatisation liée à l’expression atypique d’un genre ou d’une sexualité, et qu’elle aidera toutes les personnes intéressées à en savoir plus ».

Ce document « s’inspire de témoignages de personnes qui vivent dans leur intimité l’expérience de la construction, déconstruction et reconstruction identitaire de genre, une aventure qui nous touche finalement tous et toutes en qualité d’être humain ».

La loi du genre

« Dans le domaine de l’identité et des préférences sexuelles, le doute est souvent mal toléré. On est un homme ou une femme, on est masculin ou féminin, on est hétéro ou homo; pas les deux à la fois, pas entre les deux, encore moins ni l’un ni l’autre. Il est vrai que le débat autour du thème de l’identité sexuelle est généralement source de vives réactions émotionnelles. Peut-être parce qu’il nous invite à répondre, pour nous-mêmes et pour notre entourage, à l’une des questions les plus intime et personnelle qui soit: «Qui suis-je?»

Parce que l’identité personnelle se construit par un processus d’inclusion (je suis comme ceci) et d’exclusion (je ne suis pas comme cela); celle des uns sert de repoussoir à celle des autres. On est ce qu’on n’est pas. Ainsi un homme n’est pas une femme, un hétérosexuel n’est pas un homosexuel et ainsi de suite. Le développement de l’identité est non seulement une question de psychologie, d’options ou de préférences personnelles, mais aussi de socialisation, d’influences subies et de conformisme. Peu de chose choquent – et simultanément, fascinent – davantage que les personnes qui par leur identité personnelle, leurs préférences ou leurs pratiques sexuelles ne se conforment pas aux stéréotypes culturellement attendus d’elles en fonction de leur sexe anatomique. Les ambigu-e-s sexuel-le-s, les travesti-e-s, les transgenres, les transsexuel-le-s, les androgynes, les homosexuel-les, les bisexuel-le-s continuent de faire l’objet de moqueries et de sarcasmes. Ils suscitent également beaucoup de curiosité, sans doute parce qu’ils remettent en question les manières les plus habituelles de se penser en matière de sexe et d’identité. »

Les trois cartes de l’identité sexuelle :

Le sexe: (mâle, femelle voir intersexué): assigné à la naissance sur la base des organes sexuels externes (pénis ou vagin)

L’identité de genre: (parfois appelée identité sexuée) qui inclut

◗ la conviction personnelle d’être un homme ou une femme, ou les deux, ou pas l’un pas l’autre

◗ le sentiment d’être plus ou moins masculin ou féminin

L’orientation sexuelle ou l’identité érotique: la manière de se définir en fonction de qui nous attire sexuellement (les personnes du sexe opposé, les personnes du même sexe, les personnes des deux sexes)

Le genre … une construction collective et sociale

« La définition des caractéristiques utilisées pour définir l’appartenance à un sexe, ainsi que le genre, sont des constructions collectives et sociales dont le contenu varie selon les cultures et l’époque. »

« Le préfixe «Trans» signifie: «passer d’un côté à l’autre»; «aller au-delà de»; ou «dépasser». Le terme «Transgenre» désigne les personnes qui expriment leur identité de genre d’une manière non conventionnelle – et qui, volontairement ou non, remettent en question les normes dominantes en matière de féminité et de masculinité. Les pratiques transgenres consistent à passer d’un genre à un autre ou à les mélanger. »

On naît mâle ou femelle…ou intersexué

« Si le genre est une construction sociale, qu’en est-il du sexe lui-même? Les enfants qui naissent avec des organes sexuels jugés ambigus sont la preuve vivante que la nature elle-même n’adopte pas toujours notre classification binaire des sexes. » Une partie de la population se vivent comme appartenant à un genre alternatif.

« Selon une revue de littérature scientifique, rapportée par l’association des personnes intersexuées d’Amérique du nord (ISNA): le sexe est considéré ambigu en raison de l’apparence des organes sexuels externes dans approximativement un cas de naissance sur 2000. Un nombre plus important de personnes naissent également avec des conditions intersexuées qui ne peuvent pas être dépistées à la naissance mais dont les conséquences se manifestent plus tardivement, notamment à l’adolescence. » (www.insa.org)

Une définition du transexualisme

« Pour la majorité d’entre nous, la conviction d’être un homme ou une femme se développe en accord avec le sexe qui nous a été assigné à la naissance. Il n’en est pas de même pour les personnes transsexuelles qui ressentent un décalage entre leur sexe psychologique et leur sexe physique. »

« La personne transsexuelle a une identité de genre relativement claire; elle se sent «femme» malgré le fait qu’elle soit née avec un sexe d’homme, ou encore elle se sent «homme», bien qu’elle soit née avec un sexe de femme. C’est pourquoi elle entreprend de vivre dans le rôle social opposé à son sexe biologique et de transformer son physique de manière correspondante. »

Certaines pratiques transgenres ne relèvent pas du transexualisme

« ➔ Certaines personnes peuvent vouloir porter des vêtements du sexe opposé pendant une période donnée de leur vie de façon à se satisfaire de l’expérience temporaire de vivre dans le genre opposé, mais sans désir d’un changement de sexe définitif ou d’une modification chirurgicale.

➔ D’autre encore ont recours au travestisme pour s’exciter sexuellement ou pour exciter leurs partenaires, c’est ce que l’on nomme le travestisme fétichiste. Le travestisme existe des pratiques transgenres qui ne relèvent pas du transsexualisme fétichiste se distingue du fétichisme simple dans la mesure où les vêtements ne sont pas seulement portés de manière isolée, par exemple des bas, mais agencés ensemble dans le but de créer l’apparence d’une personne de l’autre sexe.

➔ Contrairement au transsexualisme, ces pratiques transgenres n’impliquent pas un sentiment de décalage entre le sexe de naissance et le sexe psychologique. »

Aujourd’hui

Le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ne considère plus le transexualisme comme un trouble mental. Le « trouble de l’identité de genre » est remplacé par le terme « dysphorie de genre ». Il s’agit dès à présent de mettre l’accent sur le vécu des personnes trans et sur les raisons à l’origine de la nécessité d’une transition individualisée. La dimension de « dysphorie de genre » permet de ne pas gommer la souffrance que peut générer ce type de vécu.

J’insiste ici sur le fait que la variance de genre n’a pas de valeur pathologique.

Il est à considérer que la notion de dysphorie de genre revient à un terme générique qui abrite un groupe de patients hétérogènes, répartis jusqu’alors dans les catégories (qui ne coïncident pas tout à fait) de « trouble de l’identité sexuelle » (DSM-IV) ou le transexualisme (CIM 10). Du coup, le recensement épidémiologique de la population trans est souvent débattu. La prévalence de femmes trans (autrefois: transsexuels homme-à-femme) est comprise entre 1:100 000 et 1:1000, tandis que pour les hommes trans (autrefois: transsexuels femme-à-homme), des chiffres compris entre 1:400 000 et 1:2000 sont rapportés dans la littérature scientifique.

La dysphorie de genre est un phénomène complexe. Les facteurs qui ont une influence sur la variance de genre et qui contribuent à la survenue d’une dysphorie de genre restent à l’état d’hypothèses. L’abord génétique, structurel cérébral, fonctionnel cérébral, endocriniens et psychodynamiques sont tour à tour avancés.

De par mon expérience, je dirais qu’il existe de multiples manières non pathologiques de vivre et de forger son identité sexuelle mais il est loin d’être évident pour une personne trans de vivre dans une société où règne le concept de binarité des genres.

« Les personnes transsexuelles souffrent de ce qu’on appelle une dysphorie de genre, c’est-à- dire un malaise profond lié à une absence de correspondance entre leur identité sexuée – le fait de se sentir un homme ou une femme – et leur sexe de naissance. Ce malaise peut aller jusqu’à produire le sentiment d’être emprisonné-e dans un corps qui ne correspond pas à son identité sexuée. La dysphorie de genre se manifeste habituellement dès l’enfance. Elle est caractérisée par une souffrance intense et persistante relative au sexe assigné à la naissance, accompagnée d’un désir d’appartenir à l’autre sexe. Il ne suffit pas qu’une fille soit simplement un «garçon manqué» ou qu’un garçon soit une «fille manquée» pour parler de dysphorie de genre.

C’est également une souffrance de ne pas pouvoir s’intégrer comme les autres à la vie sociale. C’est ainsi que le monde de la nuit constitue parfois un milieu plus tolérant pour ceux et celles qui ne se sentent accepté-e-s nulle part. Le but du diagnostic ne doit pas être de stigmatiser les patient-e-s, mais bien de les appuyer dans leur démarche vers la santé, c’est-à-dire un état de bien-être physique, psychologique et social. »

« C’est la transformation qui me passionne dans la vie. »

(Juliette Binoche)

Illustrations du présent article :

Luc Tesson – Dessinateur de presse et illustrateur – http://www.dessinateurdepresse.com/

PrincessH Illustratrice et Scénariste – http://www.princessh.com/

Gauthier, « Justin » aux éditions Delcourt, collection Hors Collection paru en avril 2016 – http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/justin/

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